Petit manuel du drafteur amateur à l'usage des bien nantis
Comment drafter en Cube ?
C’est surement la première question que vous vous êtes posé quand pour la première fois on vous a remis trois boosters de 15 cartes dans les mains. Chacun à plus ou moins sa stratégie. Mais des questions demeurent souvent. Peut-on jouer trois couleurs sans fixeurs ? Si j’ouvre Time Walk sur mon dernier booster sans jouer bleu, que faut-il faire ? C’est possible de jouer seulement combo ? L’expérience peut répondre à de nombreuses questions. Mais si vous n’en avez pas ou peu, ou que vous souhaitez approfondir la question, je vous renvoie à cet excellent article « Mana Short: A study in limited resource management ». Et c’est dans le prolongement de cet article, que je vous propose une petite exégèse sur la question du « comment drafter », en attirant votre attention sur « les deux grands profils » de drafteur : le greedy et le rationnel. Drafter greedy, c’est choisir en priorité les gros spoilers, les cartes combos et les cartes à fort potentiel de synergie, sans réellement se soucier des coûts convertis de mana de ces cartes (en valeur et en couleur). Cette démarche est risquée, mais elle peut payer. Le risque étant d’avoir un deck composé de spoilers sans réelle cohérence dans tout cela : les meilleurs joueurs ne font pas les meilleures équipes. L’article Mana Short explique très bien cela en ce qui concerne les coûts colorés de mana, et la réflexion peut être étendue au coût numérique en mana (la curve) et à la cohérence générale du deck (synergie). Nous pouvons donc dire que drafter greedy c’est s’exposer à trois incertitudes en termes de : - coût coloré de mana : je ne développe pas ce point, l’article le fait mieux que moi. Mais pour faire simple, jouer un sort qui coûte BB au deuxième tour avec neuf sources de noir, ça n’a rien d’évident, et c’est par conséquent prendre un risque que de builder de cette façon. - coût concerti de mana : dans le prolongement du point précédent, vous pouvez prendre des risques en curvant votre deck de façon très haute, sans réellement jouer de sort de rampe ou de cantrip. Les sorts ayant un CCM de 4 ou plus sont généralement puissants, et il peut être tentant d’en abuser. Seulement résoudre un Jace au quatrième tour n’a rien d’évident, surtout si vous ne jouez pas de cartes permettant de chercher/tutoriser des terrains/ressources. Au final vous risquer de jouer votre Jace au sixième tour et son impact sera évidemment moindre. Et si vous jouer de nombreux sorts de rampe (Birds of Paradize, Search for Tomorrow…), vous aurez de bonne chances de résoudre votre sort à 4 CCM ou plus assez rapidement, mais vous pénaliserez votre deck de sorts « supports », destinez à ramper etqui sont totalement inutiles en dehors de cela. Il vous faudra donc bien doser le coût en termes de rampe et le gain à résoudre rapidement (et de façon risquée… car contrable, défaussable et tuable) de gros spoiler à CCM élevé. |
- cohésion du deck : une équipe composée exclusivement de Michael Jordan ou de Léo Messi ne serait peut-être pas la meilleure. Elle serait excessivement forte dans certain domaine du jeu, mais aussi très faible dans d’autres, et tous les Jordan ou Messi de cette équipe ne pourraient pas s’exprimer pleinement. A Magic c’est un peu pareil. Les meilleurs spoilers ne font pas les meilleurs deck, bien qu’il y contribue, s’ils sont insérés dans un build cohérent. La cohésion, c’est donc savoir laisser passer de grosses cartes, au profit de cartes intrinsèquement inférieures, mais beaucoup plus cohérentes et complémentaires avec l’ensemble de vos picks. Je ne donnerai pas d’exemple précis. Mais pour faire simple, avoir les meilleures créatures de Magic sans disposer d’anti-créature vous assure des parties difficiles. De même qu’avoir un deck tricolore très cohérent et pleins de spoiler, sans avoir aucun fixeur pour soutenir tous ces beaux sorts colorés. Être cohérent, c’est savoir laisser passer ce qui brille pour prendre ce qui est vraiment utile à votre deck : c’est faire des choix, des vrais, plutôt que de suivre la lumière étincelante du spoiler. Maintenant, qu’est-ce que drafter rationnel ? Je vous répondrais bêtement : c’est ne pas être greedy. Mais attention, être greedy, ce n’est pas « mal drafter », c’est simplement prendre des risques, qui peuvent s’avérer très payant, mais qui peuvent aussi s’avérer très décevant. Au final, un bon drafteur, c’est peut être à la fois quelqu’un de greedy et de rationnel, qui sait alterner l’un ou l’autre en fonction des cartes qui lui sont révélées pendant le draft. |